Les herbes sacrées de le St Jean

Une DE47B585-28C4-4553-B4AD-FEA787C0DCE4 légende attribue à certaines plantes une efficacité exceptionnelle le matin du 24 juin.
C’est à ce moment-là qu’il conviendrait de les cueillir,
pour capter leurs pouvoirs en de précieux breuvages …

C’est qu’au matin de la Saint-Jean, 

Les forces de la terre sont à leur apogée … 

et les plantes, discrètes machines à capter l’énergie, 

puisent alors le maximum de ce qui s’offre à leurs racines. 

Toute la matinée, elles sont un concentré de ces forces qui retournent à la terre dès midi. 

Les floraisons de l’été gagnent donc à être cueillies ce jour-là. 

Les sept plantes sacrées de la Saint-Jean, bien sûr: 

armoise, joubarbe, lierre terrestre, marguerite, millefeuille, millepertuis et sauge; 

mais aussi leurs vingt cousines estivales: angélique, aubépine, bourrache, capucine, 

chélidoine, gentiane, hysope, lavande, marjolaine, mauve, mélisse, menthe, myrte, 

pimprenelle, plantain, reine des prés, romarin, serpolet, thym et verveine … 

et toutes les autres! 

Pour le rituel de la cueillette, il faut avoir le cœur aussi frais que les mains, 

le ventre vide après la folle nuit, et s’accrocher un grand panier au bras … 

Un sécateur est aussi d’une grande utilité: il facilite la tâche 

et permet de ne prendre que ce qu’il faut de la plante, sans la détériorer. 

Nous voici donc en route, pieds nus dans la rosée, marchant à reculons … 

pour que la main ne prenne pas plus que n’embrasse un regard proche. 

Ainsi laisse t-on toutes ses chances à la nature offerte.

Puisqu’il est bon, à la Saint-Jean, d’avoir le cœur en amour, on récoltera d’abord les plantes 

qui composent la « poudre de badinage»: marjolaine, thym, verveine et myrte. 

Après séchage, on les réduit en poudre fine, qu’on passe au tamis de soie. 

Les soirs de bal, on respirera quelques prises de ce sortilège pulvérisé. 

Mais pour susciter l’amour chez l’élu? 

Un philtre, tout simplement! Il faut partir avant le lever du soleil de la Saint-Jean 

pour ramasser l’élécampane ou grande aunée, que l’on fait sécher 

avant de la pulvériser et qu’on mélange ensuite à de l’ambre gris. 

Le tout sera recueilli dans un sachet de fine toile serrée 

que l’on devra porter sur soi pendant neuf jours. 

Reste maintenant à faire absorber un peu de cette préparation par trois fois 

et à son insu à l’élu de votre cœur. 

Mais que vaut l’amour si le corps nous manque ?

Pour lui conserver son intégrité et réparer les atteintes du temps et des maladies, 

point n’est besoin d’une volumineuse pharmacopée. 

Celle du Bon Dieu, engrangée à son apogée, en ce jour où le soleil triomphe 

et exalte les sucs de la terre, ces remèdes gratuits et à la portée de tous y pourvoiront. 

Encore faut-il ne pas se tromper au moment du choix car chaque herbe a sa singularité. 

Voici l’armoise, la couronne de Saint-Jean, fille d’Artémise, déesse des femmes, 

et bonne fille des chemins et des décombres. 

On cueille seulement ses tiges fleuries qu’on utilise pour soigner les troubles féminins, 

mais aussi pour fortifier l’appareil digestif. 

Infusez de 10 à 15 g par litre d’eau pendant 1/4 d’heure 

et buvez-en trois tasses par jour entre les repas. 

Voilà la joubarbe, petit artichaut sauvage des toits des murailles sèches, mais herbe 

du grand Jupiter, dont le domaine est les affections épidermiques: cors, dartres, gerçures, piqûres d’insectes … que l’on guérit avec des cataplasmes de feuilles fraîches pliées. 

Voici encore le lierre terrestre, qu’on appelle aussi courroie de Saint-Jean tant il rampe 

et s’allonge, dans les bois et les haies, pour porter ses fines tiges à fleurs en gueules violettes. On ramasse la plante entière pour lutter, l’hiver venu, 

contre les troubles des bronches. 

Une cuillerée à dessert de la plante pulvérisée, dans une tasse, 

doit infuser 10mn et l’on en boit trois ou quatre tasses par jour entre les repas. 

La grande marguerite, la gloire des champs de l’été peut, quant à elle, s’utiliser fraîche, 

le cœur broyé, sur les plaies qu’elle aide à cicatriser. 

Sèche et infusée 10mn, une cuillerée à soupe de fleurs par tasse, 

elle soignera les conjonctivites. 

Et voici l’achillée dite millefeuille, l’herbe aux coupures, prisée d’Achille et de ses guerriers 

qui en exprimaient le suc frais pour guérir leurs blessures. 

En infusion de fleurs, 30 g par litre, trois tasses par jour, elle lutte 

contre les parasites intestinaux et redonne du tonus. 

Et puis le millepertuis, l’herbe aux brûlures, dont on cueille les fleurs d’or sur les bords 

des chemins et dans les prés ensoleillés. On en remplit un bocal de verre blanc, 

on les recouvre d’huile d’olive et on expose au grand soleil pendant trois semaines. 

Après filtrage, on obtient une huile d’un beau rouge que l’on garde bien bouchée. 

Voilà de quoi soulager et soigner les brûlures, en onction, 

et calmer les douleurs rhumatismales en friction. 

Et  la sauge, la « toute-bonne » « Pourquoi mourrait-il l’homme qui a sauge en son jardin? » 

On la trouve en sauvageonne, bien sûr, mais l’officinale est si facile à cultiver 

et si puissante qu’il ne faut pas hésiter à l’installer dans son jardin. 

Toutes sont d’irremplaçables toniques et stimulants. Elles sont en outre 

d’admirables digestifs, infusées 10rnn à 20 g par litre et prises trois fois par jour .. , 

ou ajoutées aux viandes – surtout le mouton – au gibier, à la volaille 

ou au poisson dont elles facilitent la digestion. 

Il est mille autres herbes de la Saint-Jean car chaque contrée a ses préférences, 

ses plantes compagnes, son savoir. 

Point n’est besoin de les collectionner, ni en variétés ni en quantités. 

Mais les sept énumérées ci-dessus permettent de faire face 

aux petits maux de tous les jours. 

Naturellement, il est bien d’autres combinaisons satisfaisantes aussi … 

à condition d’être ramassées au meilleur moment, le matin,

au meilleur jour, celui du solstice d’été, celui de la Saint-Jean !